29 septembre 2014

Projet 12 - Extrait 7

Bonjour,

Je viens de finir ma plongée dans l'inconnu avec mon texte de ce mois de septembre. Je dois bien dire que j'ai beaucoup apprécié changement dans ma façon d'écrire, du moins dans la façon de percevoir un monde, un personnage par les yeux d'un autre. Même si cela a été souvent compliqué, surtout parce que je ne voulais pas que le narrateur intervienne trop et qu'il a souvent fallu revoir des paragraphes entiers pour cela, je suis plutôt contente de moi. Je ne sais pas encore si je retenterais un jour l'expérience sur quelque chose de plus long qu'une nouvelle. Du moins, de cette manière. Peut-être plus avec une vraie interaction avec le narrateur et son sujet. 

Enfin, je te laisse donc avec le début de la nouvelle (qui pour changer, n'a pas encore de nom, j'hésite) et je repars préparer celle pour le mois d'Octobre.

La ville s’endort petit à petit. Au fond, le soleil n’est plus qu’une boule de feu rouge, à moitié bouffée par la terre. Les citadins rentrent chez eux. La journée est finie. Les lumières aux fenêtres font leurs apparitions, illuminant un peu plus les rues à l’aide des réverbères. Ici, tout semble noir. La citée dort et plus personne ne sort. Seuls les plus téméraires osent mettre leur nez dehors. Ou les plus fous. Certains pour connaître l'excitation de l’interdit, d’autres parce qu’au final ils n’ont pas le choix. La vie est dure et il faut bien pouvoir se nourrir.
Tu es parmi eux. Pourtant, tu ne fais ni partie des fous, ni des malheureux. Ta vie est plutôt bonne, surtout par rapport à celle de la plupart des gens qui t’entourent. Pourtant, tous les soirs, tu sors de ton petit appartement, dans le quartier est de la vie. Tranquillement, tu descends les marches du perron de l’immeuble, tache de couleur sur fond noir et gris. Tu regardes ensuite à droite puis à gauche. Le rituel est toujours le même. Une manière de se rassurer. Ensuite, tu poses le pieds sur le trottoir et commence l’escapade.
Tu prends la petite ruelle sur la droite. Envahie par les ombres, elle est toujours déserte. Personne n’ose s’y aventurait, même de jour. Elle fait partie de ces zones de non droits où si malheur arrive, tant pis pour toi. Il y en a quelques unes dans la ville, généralement concentrée dans la périphérie. Personne n’y met plus les pieds depuis des années. On raconte des choses horribles dessus, des meurtres mystérieux, des disparitions troubles et pire. Même la police n’y va pas. Les rues dans ce genre puent la peur et la mort. Et pourtant, tu y vas, sans un regard en arrière, sans le moindre tremblement. Tu es plus forte que les autres. Ou plus folle.
Tu longes les murs, te perdant parfois dans les ombres. Heureusement, tes habits sont colorés, toujours, et ainsi tu restes toi, une personne et non une ombre de plus. Tu avances lentement, comme si tu comptais tes pas. Souvent, ta main effleure les murs. Ils ne sont plus que ruines et moisissures, suintant et puant. Ta main y reste pourtant, les caressant de manière tendre. La ville t’est aussi étrangère qu’aux autres, pourtant tu sembles mieux la comprendre lorsque le soleil ne l’éclaire plus. Comme si elle te parlait, comme si tu l’écoutais. Une étrange alchimie entre toi et elle que peu envie. Les ignorants ne peuvent pas savoir. La ville est pleine de surprise, surtout lorsque plus personne ne la parcourt.

9 septembre 2014

Vers l'inconnu

Bonjour,

En huit mois de Projet 12, je ne suis jamais vraiment allée vers l'inconnu. Je me connais bien et même si j'ai abbordé des thèmes et des genres sur lesquels je n'écris jamais à la base, j'ai toujours eu une petite expérience dessus, que se soit en écriture ou en lecture. Du coup, même lorsque j'ai écris de la romance (et que cela s'est plus ou moins mal passé), ou que j'ai choisi un style de narration que j'utilise peu, j'avais toujours une référence. Il s'avère que j'ai voulu pour le mois de septembre sortir de ma zone de confort. Mais vraiment. 

En fait, je ne sais même plus ce qui m'a donné l'envie d'écrire cette nouvelle-là. Du moins, de l'écrire à la seconde personne du singulier. Je n'ai jamais lu de texte le faisant (d'ailleurs, je suis preneuse pour une nouvelle ou un roman écrit de cette manière), je n'ai jamais voulu le faire jusque là. Pourtant, alors que j'écrivais la nouvelle d'Aout, l'idée m'a pris et n'a pas voulu me quitter. Alors, je suis partie dessus, sans même savoir ce que j'allais écrire.

L'idée d'avoir un narrateur voyeur est plaisante. Il voit, observe, entre dans l'intimidé d'une personne mais sans toutefois tout savoir. C'était ça qui me plaisait dans ce genre de narration. Raconter ce que l'on voit sans pouvoir dire ce que l'autre ressent, faire des hypothèses, inventer des choses, mais ne jamais être dans la tête du personnage principal de l'histoire. je dois bien avouer que l'expérience est de loin la plus complexe de ce projet 12, surtout que je suis habituée au narrateur omniscient, celui qui voit et sait tout. Là, c'est une autre manière d'aborder le texte. Il est, je trouve, bien plus simple de faire entrer le lecteur dans une histoire à la première ou la troisième personne. Ici, il faut l'amadouer, lui montrer que le personnage est interessant, que l'histoire aussi, même si au final, il n'en voit que peu. Je dois faire abstraction de tout ce qu'il peut se passer autours pour ne me concentrer que sur ce que le narrateur voit. Pire, j'ai choisi de ne jamais faire intervenir le "je" du narrateur. Il pense, observe, mais jamais ne donne son avis sur celle qu'il regarde. Dur à faire, je dois l'avouer. Pour ne pas avoir le moindre "je" dans le texte, je suis obligée de tourner et retourner pas mal de paragraphes, de phrases.  Cela me permet aussi de changer ma manière d'écrire, de réfléchir un peu plus, moi qui jette mes mots sur le clavier sans trop me prendre la tête d'habitude. 

Je trouve cette expérience là vraiment enrichissante, bien plus que les autres du projet 12. Parce que je suis partie totalement dans l'inconnue, parce que j'ai innové (et parce que je n'avais pas la moindre idée de ce que j'allais écrire avant de poser le premier mot aussi... Oui, oui, j'aime les défis corsés, il n'y a pas à dire). Je ne sais pas si après cette nouvelle-là, je recommencerais la narration à la deuxième personne, mais en tout cas, je l'aurais fait une fois et j'aurais même apprécié.

1 septembre 2014

Projet 12 - Extrait 6

Bonjour,

Je suis pile dans les temps ce mois-ci pour le projet 12. J'ai fini ma nouvelle hier, dernier jour d'aout. C'est une nouvelle qui n'est pas forcément très longue mais qui m'aura pris du temps à écrire, surtout que j'ai repris deux fois son début qui ne me plaisait pas. 

J'ai eu l'idée de cette nouvelle en lisant mes premiers textes de Lovecraft. J'avais envie de tester une nouvelle écrite un peu à sa manière. Je dois dire que l'expérience, bien que sympathique, ne m'a pas tant plus que ça. Le fait de ne pas mettre trop d'émotion, de sentiments et surtout d'écrire un texte avec une telle ambiance m'a paru assez compliqué. J'écris rarement de texte horrifique. Mais j'y suis arrivée, et je dois dire que même si elle mérite beaucoup de correction, j'en suis plutôt contente. Et puis, j'ai réussi à y incorporer les deux seules légendes de ma ville, ce n'est pas si mal que cela.

Je ne saurais par où commencer mon récit. Certains me prendront pour une folle. Peut-être le suis-je. Je ne sais pas, je ne sais plus. Mais je dois raconter ce que j’ai vu, il le faut. Pour que d’autres ne viennent pas, pour les sauver. Pour me sauver peut-être aussi. Tout est flou dans ma tête. Tout sauf cela. Mais laissez-moi commencer par le début. Je vous demande juste de m’excuser si mon récit n’a rien de scientifique ou si parfois il ne semble pas cohérent. Parfois, tout s’embrouille.
Je me nomme Lucille Martin, j’ai vingt deux ans. Je suis étudiante en histoire à l’université de Rennes. Pour les vacances d’été, je suis revenue dans la maison de mon enfance, celle où j’ai grandie et que j’ai quitté il y a quatre ans pour mes études. J’étais ravie de rentrer à la maison. J’avais passé une année épouvantable durant laquelle je n’étais quasiment pas sortie de chez moi, mettant ainsi fin sans que je ne m’en rende compte à mon couple. Maxime m’avait quitté pour une autre, en prenant le temps de me tromper. Je n’avais au moins pas raté mon année. C’était la seule chose que je n’avais pas raté d’ailleurs. Même mon train pour venir à Sète, je l’avais loupé, de même pas cinq minutes. Je dus attendre deux heures de plus, puis encore deux heures à Bordeaux. Ce ne fut que tard le soir que j’arrivais enfin à la gare de ma ville natale où m’attendais mon frère, Benjamin.
Les premiers jours furent calmes et reposants. J’allais à la plage, je me promenais en ville et surtout je revoyais les gens qui étaient importants pour moi, ma famille, mes amis, les personnes qui comptaient. Je me ressourçais, revenais peu à peu à la vie. Je me sentais soudain mieux, oubliant même Maxime et mes déboires de l’année passée. Tout allait pour le mieux et je ne pouvais me douter que quelques jours plus tard, mon vie, mon univers, allaient changer, et pas dans le meilleur sens possible.
Un matin, Benjamin vint me réveiller de bonne heure. Il avait prévu une journée plongée dans l’étang de Thau. Notre mission était de trouver la fabuleuse citée qui se trouvait engloutie dedans. Nous avions grandi avec cette légende en tête, l’une des deux seules sur la ville. Papa nous avait dit que ce n’était en fait qu’un village de pécheur, sûrement à de l’époque où Agde était grecque. J’avais tendance à le croire, ce qui n’était pas le cas de mon frère. Régulièrement, il me disait que si je pouvais bien croire que Brocéliande était un haut lieu de légendes et que les dites légendes avaient une part de vérité, je pouvais en faire de même avec la citée engloutie de l’étang de Thau. Je finis par accepter de l’accompagner à la recherche de ce qui était pour moi juste des cabanons sûrement déjà détruits.
La légende racontait que Neptune, jaloux de voir les habitants de l’antique ville si heureux et prospères, avait fait échouer une gigantesque baleine sur la côté, formant ainsi le mont Saint Clair, mais surtout créant l’étang. L’eau était montée, envahissant tout et détruisant la ville et ses habitants. La légende ressemblait trop pour moi à celle de l’Atlantide pour être réelle. Pourtant, les anciens disaient que par temps clair, on pouvait voir le clocher sous les eaux et que par temps venteux, les cloches de celui-ci se faisaient entendre. Ce qu’ils évitaient de dire, mais que les locaux savaient, c’était que les pécheurs, jouant de cela, avait installé des clochettes sur leurs filets pour appâter les touristes.
Papa avait déjà plongé maintes fois au lieu présumé de la ville sans rien trouver de plus que mon amphore. Il n’y croyait pas plus que moi. Il racontait ses expéditions sous marine le soir. Pourtant Benjamin voulait y croire. Il voulait croire aux contes de fées, aux légendes et surtout il rêvait d’être celui qui prouverait que tout cela était bien vrai. J’enviais sa détermination. Et puis, je me disais que si moi, étudiante en histoire ancienne, pouvait faire partie du voyage et de la découverte, cela pourrait booster ma carrière. J’en arrivais à croire Benjamin et à être porter par son enthousiasme, même à six heures du matin.


Je commence aujourd'hui la nouvelle du mois de septembre, dont je parlerais prochainement, je pense.