Bonjour,
J'avais dit que je ferais un petit article récapitulatif sur les six mois d'écriture du premier jet de Déchéance. Sans être encore descendue totalement de mon petit nuage (imagine donc, quinze ans que je travaillais là-dessus), je pense que je suis tout de même un peu plus objective qu'en début de semaine... (ou pas, mais bon).
Rappelons-nous, en novembre, le 24 plus précisément, j'annonçais avoir enfin fini
le travail de préparation sur Déchéance. J'avais rempli mon Moleskine de note sur l'univers, de cartes, de fiches personnages, de plein de chose en fait. J'avais pris une année pour le faire, y allant petit à petit. Pas envie de me presser à ce moment-là, surtout que j'avais mon Projet 12 à faire et finir. J'annonçais même que si je n'y arrivais pas, je laissais tomber, définitivement. Je sentais qu'il était temps pour Déchéance soit de prendre son envol, soit de tomber tout au fond des oubliettes. La décision n'était pas simple à prendre, mais il le fallait. A partir de là, je n'ai plus pensé qu'à lui.
Un mois plus tard, alors que je venais de finir la nouvelle de décembre, je me lance, le 15 décembre. Là, forcément, il y a l’excitation, l'envie très très forte. Je me vois même écrire ça en trois mois (la folle quoi). Et j'y crois encore en janvier, pas même vingt jours plus tard alors que j'entame le second tiers. J'avance, je suis heureuse. J'écris sans problème, quand je peux, et régulièrement. Il ne se passe pas un jour sans que je n'écrive au moins une ligne. D'ailleurs, le 15 janvier, j'ai quasiment écris 50 000, un NaNo quoi. Je continue à suivre mon plan avec à peine quelques ajouts. Rien de bien grave pour le moment (ça va se corser un peu plus tard à cause de quelques personnages en plus pas du tout prévus...)
Février commence pas mal, je dépasse la moitié du roman, j'en saute de joie. Je commence à me dire que trois mois, c'était tout de même un peu court. Surtout que l'excitation du début est retombée. Si j'ai beaucoup écris en janvier, c'était surtout pour ne pas penser à ce qu'il se passait dans ma vie privée. Mais elle me rattrape et bouffe mon temps d'écriture. Avec ça commence l'envie d'écrire autre chose. Mais surtout commence le doute. Et si ce que j'écrivais était totalement bidon ? Je suis nulle de toute façon. Phase normale dans la vie d'un auteur. Phase qui en démoralise plus d'un. Mais il plane sur Déchéance une épée de Damoclès. Mince, je ne peux pas abandonner comme ça. Quinze ans que je me traine le projet. J'en ai mis plein de côté à cause de lui, mes personnages me hantent trop. Je sais que je peux le faire, je peux y arriver. Alors je prends du recul, j'espace mes séances d'écriture.
Heureusement, je pars en vacances à la montagne, et là, face à toute cette neige, je me replonge dans mon premier jet. En mars, je passe enfin à mon troisième tiers.Mais voilà, ce troisième tiers, c'est celui qui m'a toujours posé problème. En plus de ça, je dois revoir mon plan. J'ai trop ajouté par rapport à celui de départ, du coup, je me perds un peu trop. Je galère sur le début de cette dernière partie. J'avoue, sans avoir relu encore, je sais que se sera celle qui aura le plus de correction. Je la trouve trop lente, trop peu intéressante. Je rame, mais vraiment beaucoup. Je reprend un chapitre environ dix fois pour trouver le bon ton. Mais je tiens bon, j'essaie du moins. Je désespère à chaque fin de séance. Il me faut une semaine pour écrire un dialogue ou une simple scène. Je dois me reprendre. Il le faut. Toujours en arrière plan, le fait que si je ne réussis pas, je laisse tomber. C'est cela qui m'a porté tout le long de l'écriture. L'abandon n'est pas envisageable, pas cette fois.
Avril arrive et les doutes sont toujours là. Je suis presque à la fin. Mon plan est presque entièrement surligné. Je ne vais tout de même pas abandonné maintenant, si proche de la fin. Et puis, ce plan, il mérite d'être tout en jaune, c'est tout de même le seul que j'ai jamais suivi et c'est aussi un peu grâce à lui que je suis arrivée jusque là. Alors, je m'accroche. Et j'écris. Et là, paf, je me sens à nouveau super bonne comme auteure. Les mots s'enchainent sans problème, comme au tout début du projet. Mes derniers chapitres s'écrivent presque sans que je n'ai à prendre de pause. Je râle lorsque je dois faire autre chose. Mon état d'esprit à changer, je peux vaincre la malédiction Déchéance. Je peux bientôt me libérer de tout cela. Je suis une battante ! Je finis d'ailleurs par assimiler l'écriture du premier jet à une bataille. Je suis une guerrière, et je suis la meilleure ! Ça fonctionne avec moi, surement mon esprit de compétition.
Et enfin le point final, tout aussi dur à poser que la première ligne. Mais rha, c'est bon, c'est écrit.
Je retiens beaucoup de chose de ses six mois.
La première, c'est que le plan, même s'il n'était pas complet (j'y avais juste mis les scènes importantes et encore) m'a vraiment été utile. Pas forcément pour la construction du roman. Cela faisait tellement longtemps que je portais le projet que je savais où j'allais même sans lui. Il l'a été pour mon moral. Voir petit à petit les lignes surlignées en jaune me permettait de voir l'avancement. Et sur la troisième partie, ce fut vraiment ce qui m'a porté lorsque j'étais dans le gouffre.
La seconde, ce fut sur la non relecture. D'habitude, j'écris environ cinq chapitres puis je relis, ne serait-ce que pour les fautes. Là, rien. J'ai préféré continuer sans me préoccupé de ce que j'avais pu écrire avant. Alors, oui, ça m'a aidé dans mon avancé, ça aidera bien moins dans la seconde partie du boulot, la relecture/réécriture. Mais je reste persuadée que si j'avais fait comme d'habitude, je me serais arrêté rapidement, sure d'être nulle.
La troisième, c'est que je reste tout de même une grande pessimiste et que cela ne m'aide vraiment pas. Je dois prendre plus confiance en moi, en ce que j'écris. Je peux écrire des choses très bien. Je peux aussi écrire des choses très nulles. Sauf que le plus important dans tout cela, ce n'est pas de bien ou de mal écrire, mais de s'amuser à le faire. Or, oui, je me suis terriblement amusée durant six mois, même durant la période de doute. Je me suis amusée, parce que je faisais ce que j'aime, écrire, raconter une histoire. Tant pis si au final, ce n'est pas parfait. Je dois garder cela en tête pour les prochains.
Finalement, je ne connais toujours pas l'avenir pour Déchéance. Je le corrigeai dans quelques temps, mais je ne sais rien de l'après. Aurais-je le courage de le proposer à l'édition, ou le garderai-je pour moi seule ? J'avoue que l'idée de l'édition me tende beaucoup beaucoup. C'est normal en même temps, après avoir travaillé tant de temps dessus et en avoir encore pour plusieurs mois. Ce qui est marrant, c'est que jusqu'à maintenant, éditer Déchéance ne m'avait jamais traversé l'esprit. Ce n'était pour moi qu'un amusement. Mais à force, il est vrai que montrer mon travail à d'autres me plait comme perspective pour lui.
Enfin, j'ai le temps, je dois le corriger, et avant cela prendre un peu de repos. L'écriture de ce premier jet m'aura tout de même vidé de mon énergie. Et puis, je prépare déjà un nouveau projet, beaucoup mais alors beaucoup moins SFFF et j'espère pouvoir le mener à bout lui aussi.